Transidentité, autisme et autres TND chez les mineurs : d’abord ne pas nuire |
Vendredi 17 février 2023, le journal le POINT publie ce manifeste signé par des professionnels de l’autisme, représentants d’associations et personnes autistes.
Voici le texte original avec les sources :
Depuis une dizaine d’années, nous constatons, d’abord dans les pays anglo-saxons et plus récemment, en France, une très forte augmentation du nombre de personnes se déclarant transgenres : souvent des jeunes filles, de manière soudaine à l’adolescence sans signe apparent durant l’enfance, un phénomène qualifié « d’allure épidémique » par l’Académie de médecine.
Nous nous réjouissons que l’augmentation de la visibilité des personnes trans leur permette une meilleure reconnaissance et une réduction des discriminations à leur encontre. Cependant, nous sommes inquiets de la surreprésentation de jeunes autistes et TDAH se déclarant transgenre et souhaitant faire une transition.
Les jeunes TND (Troubles du neuro-développement) plus vulnérables !
Les problématiques sensorielles, l’anxiété sociale, le sentiment de décalage par rapport à la dimension sociale de la sexualité, la tendance à imiter autrui de manière formelle, la fréquente indifférence aux stéréotypes sociaux sexuels, tous phénomènes typiques de l’autisme, peuvent être interprétés comme des signes de transidentité (voir le rapport autisme et identité de genre de J. Galloway, personne autiste).
Les jeunes autistes sont fréquemment isolés socialement alors que, comme tout un chacun, ils éprouvent un besoin d’appartenance à un groupe : cet isolement, souvent couplé à une non-conformité de genre (fréquente chez les personnes TSA), les rend très sensibles à la communauté trans dans laquelle ils peuvent se sentir acceptés et valorisés dans leur différence, sans avoir toutes les clefs pour décoder que la démarche les conduit à des transformations physiques irréversibles.
Démarche Trans affirmative ? D’abord ne pas nuire
Nous sommes alertés par le fait que des professionnels suivent une démarche trans affirmative en 1re intention : permettre à tous ceux qui en font la demande (y compris des mineurs) d’accéder aux traitements hormonaux et chirurgicaux le plus tôt possible, sans suivi psychothérapeutique, sans forcément prendre en compte les troubles fréquemment associés, comme bien souvent l’autisme ou un TDAH.
Nous remettons en question cette approche trans affirmative chez des mineurs, étant donné :
Pour toutes ces raisons, nous demandons à ce qu’un soutien psychosocial qui aide le jeune à vivre avec le développement pubertaire de son corps sans médicaments soit la première option dans son parcours de soins, tout comme le préconisent la Suède, l’Angleterre ou la Finlande. Comme le mentionne le Pr Gillberg, qui a alerté en 2019 sur les traitements expérimentaux d’affirmation de genre, il est fréquent que ces jeunes autistes « aient encore plus de problèmes d’identité à la puberté – qui suis-je ? Comment dois-je me comporter ? Que vais-je devenir ? Suis-je hétéro ? » – que la moyenne des jeunes. Souvent, le diagnostic d’autisme et/ou de TDAH arrivent des mois après que le jeune ait commencé à se questionner sur son genre : toutes ses pensées tournent généralement en boucle sur comment transitionner le plus vite possible, encouragé par la communauté, ne vivant plus que pour cela. Alors qu’un diagnostic précoce lui aurait donné des clés pour mieux comprendre son fonctionnement, et peut-être pour accepter son corps tel qu’il est.
Quoi qu’il en soit, nous pensons qu’il est important d’accepter l’enfant tel qu’il est, et de voir ce qu’il se passera quand il grandira, en l’accompagnant, avec une approche globale et développementale.
Nous considérons que les soins d’affirmation de genre doivent être réservés à des adultes présentant une dysphorie de genre résistante, qui les empêche de vivre. Et qu’ils doivent être proposés de manière exceptionnelle chez les enfants, dont l’identification claire du sexe opposé apparaît dans l’enfance et cause des souffrances évidentes à l’adolescence.
Alors que la Haute Autorité de Santé est en train d’élaborer des recommandations sur le parcours de soins des personnes transgenres, nous nous étonnons qu’elle n’ait pas jugé utile de consulter des spécialistes de l’autisme et autres troubles du neurodéveloppement, connaissant pourtant la surreprésentation des personnes autistes et TDAH parmi les jeunes se déclarant transgenres.
Nous appelons le Gouvernement à la plus grande vigilance sur le fait que ces recommandations prennent en compte les examens des données probantes des pays précurseurs, sur la base des données scientifiques disponibles, absentes de toute idéologie, fondées sur les preuves, et respectant l’éthique de la médecine.
Pour en savoir plus : → document détaillé et sourcé sur le contexte et les enjeux de cette problématique. |
Signatures
Association AFG Autisme | André Masin, président |
EDI formation | Danielle Artuso, directrice |
Tdah France | Christine Getin, présidente |
Personnes Autistes pour une Autodétermination Responsable et Innovante | Conseil collégial et membres fondateurs |
Autisme en Ile de France | Jean-Marc Monguillet, Président |
Autistes Sans Frontières | Isabelle Rolland, co-présidente |
Asperger Aide France | Hélène Hardiman Taveau, présidente |
Association Autisme Info Service | Florent Chapel, Président |
L’étoile d’Asperger | Catherine Pivolos |
Café autisme | Association de parents et de personnes TSA |
Vivre Et Travailler Autrement | Association de parents et de personnes TSA, présidée par Yenny Gorce |
Cécile Coudert | Psychologue Neuropsychologue spécialisée en Trouble du spectre de l’Autisme (TSA) & troubles neurodéveloppementaux (TND) |
Eric Turon Lagot | Psychologue, Psychothérapeute |
Dre Karina Alt | Anthropologue, Analyste du comportement certifiée |
Bernadette Rogé | Professeur Emérite Université Toulouse |
Lilia Sahnoun | Psychiatre |
Lydie Gibey | Psychologue |
Esteve Freixa i Baqué | Professeur des Universités en Sciences du comportement |
Boris Guimpel | Psychologue, psychothérapeute TCC et sexologue |
Eric Lemonnier | Pédopsychiatre en charge du centre de ressources autisme du limousin |
Jean-Christophe Seznec | Médecin psychiatre, thérapeute ACT |
Valérie Toutin | Responsable qualité et développement au sein d’un organisme de formation et ancienne cheffe de projet du troisième plan autisme au sein du Secrétariat général du Comité Interministériel du Handicap |
Nouchine Hadjikhani | Professeur, Gillberg Neuropsychiatric Center, Université de Gothenburg, Suède |
Laëtitia Coilliot | Personne autiste, formatrice PRAG à l’INSHEA, membre de Parents et professionnels pour l’autisme en Île-de-France (PEPA) |
Elisabeth Baudoing | Attachée administration Éducation. Nale. Retraitée |
Patricia Bournier. Psychologue
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